Monday, September 14, 2009

Mille et un soleils 1/One Thousand Suns and One 1. Nchoupa


« Comment? Nooon? Vous

connaissez pas Nchoupa? »

Me parlait ainsi un échalas en blanc qui sentait le beurre de karité. On s’était vu au bord du lac. Le lac aux eaux si gonflées et lumineuses que parfois, on avait l’impression qu’il abritait le soleil – que ce que nous voyions dans le haut ciel était le reflet de l’astre aquatique qui nimbait son humide étendue de ces grands chatoiements. L’air était frais et clair, et les voix des garçons, entrelacées aux pépiements d’oiseaux aussi bavards, faisaient une musique joyeuse et rapide comme le ve

nt qui soufflait sur le lac. Et dans ces bruits, j’entendais souvent et toujours « Nchoupa ! » J’avais l’impression que même les oiseaux, en fait, n’arrêtaient pas : « Nchoupa --- chirrr --- Nchoupa --- chirrr… »

« Je vous assure », dis-je à l’échalas, le plus poliment du monde. « Je connais bien du monde dans bien de pays. Mais ce nom, Nchoupa, non, jamais je ne l’ai entendu. A vrai dire, je ne sais même pas ce qui s’appelle ainsi ? Est-ce une personne de sexe mâle, ou

de sexe femelle ? Est-ce une ville, un chien, un caillou ? »

L’échalas se gondola :

« Mais ! Mais les cailloux n’ont pas de nom ! »

Stupéfait par cette affirmation incongrue, je le regardai b

ien en face, et répondis (tout en gardant tout mon calme, comme vous pouvez vous y attendre) :

« Monsieur mon ami. Il y a des choses que je vous conterai bientôt, et vous jugerez par vous-même. En attendant, je vous demande tout simplement de répondre à ma question relative à Nchoupa. On dirait que c’est la divinité de ce lac, et je voudrais, si tel est le cas, lui rendre mes devoirs. Si ce n’est pas le cas, ma curiosité en serait d’autant plus fondée. »

« Oh ! » répondit l’échalas avec un franc sourire. « Je

vous montrerai Nchoupa. C’est encore mieux. »

“What the deuce? Well, okay, no, that I can’t believe, I mean that you don’t know him Nchupa? Nooo!”

There I was, listening to that elongated boy in white clothing who disseminated around him the scent of shea butter. We met on the bank of the lake. The lake with its powerful, glistening waters, which gave out the impression of holding the sun in hidden caves – so much so that what we were seeing high in the sky was in fact only a reflection of the watery star which suffused its humid expanses with immense glitters. The air was cool and clear, and the voices of boys, sprinkled with the songs of babbling birds – as babbling as them boys – was creating a kind of joyful and speedy music, very much akin to the breeze which was sweeping over the lake. And the noise that was thus turned out often and always reverberated with that “Nchupa!” I was under the impression that even the birds, in fact, were ceaselessly chirping “Nchupa --- chirrr--- Nchupa --- chirrr …”

“I assure you”, said I to the elongated lad, and this, most politely, “I know plenty of people in plenty of lands. But that name, Nchupa, it never hit my ears, no. Truth is, I can’t even imagine what bears that name. Is it a person, male or female? Or maybe a town, a dog, a pebble?

Lanky lad was smashed with laughter:

“How do you think a pebble got a name?”

Taken aback by the incongruity of his remark, I looked him right in the eye and retorted (while, as you may well suppose, keeping the utmost self-control):

“Dear my friend. There are things that I will shortly narrate to you, and then you will judge by yourself. Meanwhile, I quite simply ask you to respond to my question about Nchupa. One would think it is the divinity of this lake, and if so, then I would like to perform my duties. But if not, my curiosity is all the more justified.”

“Oh,” Elongated Lad uttered, grinning. “Let me show you Nchupa. That would be best!”

No comments: