Thursday, February 24, 2011
New drawings for sale at afriboy.com
My name is Mark, I'm a friend of Orokie and I am maintening the site http://www.afriboy.com/ .
You might be aware that Orokie has got glaucoma, and to raise money to save his sight by a surgical operation, he is putting on sale a serie of drawings and 2 notebooks.
Artworks on sale at http://www.afriboy.com/galleries/artshop/
The prices are indicative, based on the prices of previous sales, the point being also that Orokie will need to raise a bit more than Euros 7'000 for the surgery...
Please let us know if interested by some of his drawings.
Cheers
Mark
Sunday, December 13, 2009
Sunday, November 15, 2009
Mille et un Soleils6/One Thousand Suns and a Sun6: Fish!
Pour étranges qu’aient été tous les phénomènes décrits jusque là, j’en avais vu de plus surprenants par le passé. Mais je dois reconnaître que je ne m’étais jamais de ma vie trouvé dans un endroit qui ne semblait accepter qu’une seule couleur, et par ailleurs, je ne pouvais oublier le sens des convenances, dans quelque situation que je me trouvasse. Bien que ce nocher branchu fût un être singulier, il était probable qu’il avait un géniteur et une génitrice, peut-être tout un village d’êtres branchus, et il devait, par conséquent, avoir reçu une éducation quelconque. Je m’éclaircis donc la gorge pour me présenter le plus cérémonieusement possible dans les circonstances données (C'est-à-dire que cet individu me présentait toujours son postérieur).
Après que j’eus accompli cette formalité, je vis une sorte de feuille choir lentement de l’une des branchioles du nocher, et atterrir précisément dans mon giron. C’était apparemment une note, que je m’empressai de lire. Voici ce qu’elle portait :
« Bonjour passager. Je suis Triokolo
Si tu te plains du bleu qui est ton lot
Remarque que le bleu est la teinte du monde
Elle colore les cieux et les ondes
C’est la carnation de la planète
Et aussi celle des nuits de fête.
Mais de toute façon, passager,
Nous ne faisons qu’y passer.
Une fois les dangers traversés ce soir,
Je t’amuserai de mon histoire. »
Décidément, quel être intéressant ! Ces branchioles sont donc une espèce d’organe de communication ! Quelle autre surprise me réservait-il ?
Mais en lisant la note, j’avais remarqué quelque chose qui avait fait passer une ombre sur mon cœur. Je la relus rapidement. Ah ! oui, voici : « Une fois les dangers traversés ce soir. »
Des dangers ? Que voulait dire cela ? Et de plus, étant donné que tout était bleu, par quels signes saurais-je que le temps passe et le soir tombe ? Je vis d’un coup tout l’inconfort de cette situation, qui confinait au cauchemar : s’attendre à un danger inconnu qui devait survenir à un moment insensible. Je me sentis devenir fort malheureux, et m’apprêtait à demander à mon compagnon rimailleur d’éclaircir ma lanterne lorsque, justement, je vis à l’horizon devant nous une intense lumière blanche qui mangea tout le bleu – et de cette lumière jaillirent des choses qui paraissaient vivantes et malveillantes. J’eus assez de présence d’esprit pour me rendre compte que c’était des poissons. Du moins ils en donnaient l’impression – mais ils étaient fort gros, comme gonflés, et leur tête ressemblait à une gueule affamée, vorace.
Nouvelle note chéant – et le nocher bondit dans la lumière, transperçant d’un bâton aigu un poisson. Tandis qu’il se livrait au carnage, je lus :
« Passager, admire les poissons de Séléné
Dont une morsure pourra te mener
A travers des fièvres éternelles
Vers une mort faite de larmes et de fiel. »
For all their strangeness, the phenomena I have thus far described were not stranger than things I had seen in the past. But I must confess I had never been in a place which seems to accept only one color, and besides, whatever the situation, I always was keen on the sense of common courtesy. Even though that boatman with branches and buds was a peculiar type, he likely had parents of both sexes, and perhaps an entire village of like-shaped personages, and so he must have some basic principles of good manners. Clearing my throat, I introduced myself as ceremoniously as possible under the existing circumstances (must I remind everyone that I was still facing the behind of that person?)
After I was done with that formality, I saw a kind of leaf dropping slowly down from one of the smaller branches of the boatman, and landing on my lap. That looked like a note, and I read on. Here’s what it said:
Greetings passenger, Triokolo’s my name
If this blue all around seems all too lame
Observe that for the globe ‘tis the hue
Skies and all water are things blue
This is indeed the planet’s color
The glow night revelers look for.
But, consider passenger that, anyway
Here we are only making our way.
Once the evening’s perils are left behind
My fun story I’ll bring to your mind.
This is decidedly a most interesting being. So those back branches are organs of communication of sorts! Did he have other surprises like that one in store?
But while reading the note, something had cast a slight shadow over my heart. I read it again, quickly. Oh, here it was: “Once the evening’s perils are left behind.”
Perils? What the heck did that mean? And besides, given that everything was blue, how was I to tell that night was falling? I suddenly realized the difficulty of my situation, which verged on the nightmarish: to expect an unknown danger which was set to spring at an unknown moment. I felt I was becoming rather miserable, and was about to ask my rhyming companion to enlighten me a bit when, precisely, I saw rising at the horizon an intense white light which ate up all the blue – and from that light pounced things that looked living and nasty. I was sufficiently alert to see that they were fish. Or they looked so – but they were fat, as if inflated, and their head looked like a famished, voracious jaw.
New note dropping – and the boatman jumped up in the light, piercing one fish with a pointed stick. As he was thus performing quite a massacre, I read:
Passenger, the fish of Selene do admire
One bite would entrench you in the mire
Of fevers eternal whose bitter ties
Will drag you down to tearful demise
Thursday, November 12, 2009
Orokie in Mali?
Monday, October 26, 2009
Mille et un Soleil 5/One Thousand Sun and a Sun 5: Bleu
Cette exclamation de Soko était pour le moins inattendue, et je n’étais pas sûr qu’elle s’adressait
à moi. Je regardai instinctivement autour de moi, mais il n’y avait personne à qui ces mots avaient pu s’adresser, et d’ailleurs tout le monde
me regardait à présent avec un air pensif qui semblait souligner que j’étais en cause.
« Veuillez vous expliquer – qu’ai-je fait ? », fis-je en me tournant de nouveau vers Soko, mais ce dernier ne semblait plus s’intéresser à moi. Il retirait ses vêtements. Son visage était calme, on dirait qu’il n’était plu
s Soko, il n’avait plus ce caractère vulgaire et impatientant, il était remplacé par un autre lui-même, qui me parut tout à fait séduisant et tout à fait intimidant. Néanmoins, je tâchais de ne pas me laisser faire.
« Dites donc ? Vous pensez que c’est le moment de prendre un bain ? » dis-je brusquement.
En réponse de quoi, Soko :
« Tu vas entrer dans le monde bleu, et suivre le nocher branchu. »
Et avant que j’ai pu faire les remarques qui s’imposaient devant ce charabia, Soko fit un signe de ses doigts, comme pour tracer un quadrilatère, et une fenêtre bleue apparut soudain sous ses yeux, un beau carré si intensément bleu que tout autour l’air lui-même parut se fondre dans l’ocre de la terre, et tirer vers un brun uni. Soko regarda intensément cette fenêtre, sans mon étonnement, mais avec une attente très vive dans son corps vibrant. La fenêtre s’élargit soudain, et dans le temps d’un sou
ffle, tout, absolument tout devint bleu autour de nous, et Soko s’agitait à faire des bizarres manipulations avec un bizarre instrument qui, en y regardant de près s’avéra être l’antique quantificateur – l’abaque. Les doigts agiles de Soko coururent sur les billes avec une prestesse singulière… Et soudain je me rendis compte que ce garçon, en fin de compte, n’était vraiment pas Soko. En fait, c’était celui-là même, le garnement qui semblait avoir transformé un reptile monstrueux en colibri. Comme je ne me retenais jamais de poser des questions, bien que personne ne parût juger nécessaire de me répondre, je demandai au garnement ce qu’il avait fait de Soko. Je ne pense pas qu’il m’ait entendu. Il disposait à présent des grands livres noirs sur le vide bleu, les ouvrit, et se mit à les feuilleter, cherchant manifestement une page en particulier. Il étala soudain les deux livres grand ouverts, et de l’un d’entre eux surgit avec un bruit de papier crissant une grande et longue chose creuse, une pirogue couleur d’eau de source, arborant un joyeux petit fanion – tandis
que de l’autre bouquin s’éleva, avec le même bruit, un être bleu au dos hérissée de branches festonnées d’écriteaux, de buissons de gribouillis.
Le garnement éclata de rire, et soudain, il ne fut plus là. Le nocher branchu se tint débout devant moi, immobile, dans la pirogue, les mains croisées par derrière, sous les magnifiques lobes de ses fesses. Je compris l’invitation. Je montais dans la pirogue,et me sentis aussi devenir tout bleu...
That exclamation from Soko was rather unexpected, and I wasn’t sure it was directed at me. I instinctively looked around, but there
was no one to whom these words would have been directed, and for that matter, everyon
e now was eyeing me in a pensive stare, which seemed to stress that I was the interesting object here.
“Would you explain
– what have I done?” I said, turning again to Soko, but the latter did no longer look interested in me. He was undressing. His face was calm, he didn’t look like he was Soko, he had lost the vulgar and the irritating in his cha
racter, he was replaced by another of his selves, who was truly seductive and quite intimidating. Regardless, I didn’t want him to get the best of me.
“Say sir, you think this is time for bathing?”, said I roughly.
Soko’s reply was this:
“You’re going to enter the Blue Universe, and follow
the branch-adorned boatman.”
And before I could make any observations that such gobbledygook deserved, Soko waived his fingers, as if drawing a four-sided figure, and a blue window suddenly materialized under his gaze, a square so intensely blue that all around the air itself seemed to blend into the ochre of the earth, and to turn into solid brown. Soko stared fixedly at the window, without my puzzlement, but with some lively anticipation permeating his excited body. Then all of sudden the window widened, and, in a whiff, everything became totally cerulean around us, and Soko was now busy performing bizarre manipulations with a bizarre device, which, after closer look, turned out to be the ancient quantifier – the abacus. Soko’s nimble fingers ran over the little balls with an outlandish quickness… And that’s where I realized that this was not in fact Soko, not really. This was that same little rascal who appeared to have transmogrified a mammoth reptile into a humming-bird. Since I had developed the habit of asking questions which no one ever thought worthwhile to answer, I asked that scallywag what he had done to Soko. I don’t think he heard me. He was now putting up large black books against the blue void, opened them, and browsed through them, evidently in quest of a certain page. Then he spread them wide open, and from one of them a big, long, hollow thing, a spring-water-colored dugout sporting a gay little pennant, emerged, in a crisp hiss of paper – and from the other, with the same sound, a blue being with his back bristling with branches scalloped with notices, thickets of scribbling.
The little rascal laughed, and suddenly, was gone. The branch-adorned boatman stood up in front of me, motionless, the hands crossed in his back, under the alluring bowl of his buttocks. I got the word. I climbed into the dugout, and felt I was turning all indigo, me too…
Monday, October 19, 2009
Mille et un Soleil 4/One Thousand Sun and a Sun 4: Dancing
« C’est la danse des trois jambes », dit Soko.
J’allais remarquer que c’était un nom absurde pour une danse aussi harmonieuse, lorsqu’il m’apparut clairement que le danseur semblait en effet user de trois jambes – et puis je compris que cette troisième jambe, ma foi, était, pour dire le tout, une fort belle jambe, et épiçait au mieux cette danse fantastique.
Mais au fur et à mesure qu’il dansait ainsi, le danseur s’éloignait, et avec lui, la merveilleuse musique qui nimbait ses pirouettes d’une si noble chaleur. Cette vision, véritablement, remplissait d’adoration, et on ne voulait pas qu’elle finît. On voudrait suivre le danseur sur cette piste mystérieuse où il glissait, mais, comme dans ses rêves de nuit chaude où l’on voudrait courir, mais où l’on a les pieds liés par on ne sait quels invisibles cordages, on reste pourtant sur place, immobile, effaré.
« Nchoupa… », murmurai-je.
C’était donc ça. Un être qu’on ne connait que par le bonheur dont il vous emplit, et dont on ressent soudain un besoin infini. Pas vraiment un dieu – il n’est pas question ici de terreur
et de majesté. Mais autour de moi, chacun souriait, tout semblait fun, et un des garçons alluma un boombax, qui émit une version assourdie de la musique que nous venions d’entendre. S’étreignant lui-même de contentement, il se mit à faire la danse des trois jambes avec un grand sourire.
Je me tournais vers Soko, et bien que me disant que je ne devais pas lui dire ce que je m’apprêtais à lui dire, je le lui dis quand même :
« Je veux rencontrer Nchoupa. »
Je m’attendais à tout, sauf à ce que Soko me répondit, avec un air calme et fatal :
« C’est donc toi ! »
Looking in the direction he indicated, I saw… But first I must point this out, for it is something most curious. Up to when I saw what I saw, I hadn’t heard that ornamental and polyrhythmic music which had now grown into the only sound that I could hear. It is as if the music were woven out of the steps of the dancer. The perfect figure of a black boy, of an African boy, twirling eagerly and vigorously, in one of those dances which – owing to the precise coordination of every move – look like some stylish piece of calisthenics.
“That’s the three-legs dance,” said Soko.
I was about to observe that the name was not too suitable for such an elegant dancing, when it clearly appeared to me that the dancer in fact seemed to use three legs – and I made out that the said third leg was, I own, a very pretty one, and it spiced up very well that splendid ballet.
But as he was dancing, the dancer was moving away, and with him, the wonderful music that showered his pirouettes with such noble warmth. The vision verily filled one with adulation, and one would beg for it never to end. One would love to follow the dancer on that mysterious floor where he glided forth, but, like in those dreams of a hot night in which one wants to run and yet one is tied up by invisible ropes, one stays put, inert, upset.
“Nchupa”, I whispered.
So here it was. Somebody you know only through the happiness with which he fills you, and for whom you feel an infinite need. Not really a god – there is no question here of terror and majesty. But around me, everyone was smiling, everything seemed fun, and one boy turned on a boombax, which let out a faded version of the music that we just heard. Embracing his own body in a fit of joy, he started to do the three-legs dance, grinning.
I turned to Soko, and, even as I was thinking that I shouldn’t say what I was about to say, I said it anyway.
“I wish to meet Nchupa.”
I expected everything, but not what Soko respo
nded, in a tone quiet and fatal: